Les métiers de l’aide à domicile : essor et professionnalisation

Au sein du secteur d’activité très dynamique des services à la personne, les métiers de l’aide à domicile se diversifient et se professionnalisent, accompagnés par un système de formation souple et évolutif.

Dans le domaine des services à la personne, on distingue les services d’aide à domicile, notamment par le caractère social de l’aide qui les différencie d’une simple intervention de type ménager, exercée par des femmes de ménage ou des employés de maison.

Grâce à l’intervention de ces professionnels souvent complétée et coordonnée avec d’autres services (travailleurs sociaux, soins à domicile), des personnes handicapées, des personnes âgées ou des familles ont la possibilité de rester dans leur cadre de vie habituel et de conserver une certaine autonomie.

Les professionnels des métiers de l’aide à domicile interviennent auprès « des familles, des enfants, des personnes âgées, des personnes malades et des personnes handicapées, pour une aide dans la vie quotidienne, le maintien à domicile, la préservation, la restauration et la stimulation de l’autonomie des personnes, leur insertion sociale et la lutte contre l’exclusion. »

Extrait du Décret n° 2002-410 du 26 mars 2002 portant création du diplôme d’Etat d’auxiliaire de vie sociale

Des évolutions de la société qui contribuent à l’essor de l’aide à domicile

Un ensemble de dynamiques dans la structure et l’évolution de la population française, permet d’expliquer l’essor du secteur de l’aide à domicile.

Le vieillissement de la population crée une demande croissante pour l’aide à domicile de la part de personnes âgées de plus en plus en nombreuses. Par ailleurs, au fur et à mesure que la durée de vie s’allonge, ces personnes sont également de plus en plus sujettes aux différentes dépendances engendrées par le vieillissement, et présentent donc un besoin d’assistance aussi de plus en plus important.

Pyramide des âges en France en 2015 – source: INSEE

L’évolution des structures familiales réduit la possibilité de prise en charge des personnes âgées par leurs familles. Cette tendance repose sur la fragmentation croissante des structures familiales (divorces, familles monoparentales, familles recomposées…) ainsi que sur l’augmentation de l’activité des femmes après 45 ans qui les rendent moins apte à s’occuper de parents âgées à leur domicile.

L’assistance maternelle est elle aussi en hausse, résultant également de l’activité croissante des femmes et du besoin de prise en charge d’enfants en bas âge dont les parents sont maintenant, tous deux, plus souvent occupés à leurs activités professionnelles.

Les départs en retraite sont aussi un facteur qui affectera particulièrement les métiers d’aide à domicile et d’assistante maternelle. Dans ces deux professions l’âge médian est proportionnellement plus élevé car ces postes sont statistiquement plus souvent occupés par des femmes reconverties ou ayant fait une pause dans leur carrières. Comme les effectifs de ces deux professions sont importants, le DARES estime que le nombre total de poste à renouveler entre 2012 et 2022 avoisinera les 500 000 emplois.

La baisse du nombre de médecins programmée à l’horizon 2030 devrait elle aussi reporter les besoins grandissant d’assistance médicale sur les professions d’aide à domicile, en tout cas en ce qui concerne les petits ennuis de santé qui ne requièrent pas d’intervention médicale.

Le développement de la médecine ambulatoire s’appuie sur une assistance croissante de l’aide à domicile. Afin de pallier aux déserts médicaux, les médecins prescrivent plus souvent le recours à des aides à domicile, en particulier pour l’assistance des personnes à mobilité réduite et le maintien des personnes âgées à domicile.

Les métiers de l’aide à domicile : des métiers d’avenir

Ces changements et ces nouveaux phénomènes dans notre société entraînent une demande de plus en plus forte en service de soins et d’assistance à domicile. L’aide à domicile offre ainsi des perspectives intéressantes pour l’emploi en France sur le long terme. L’allongement de la durée de vie des individus et le vieillissement de la population générale sont deux facteurs clés du développement de l’aide à domicile.

Par ailleurs, un ensemble de mesures publiques favorables au secteur des services à la personne contribue également au développement des métiers de l’aide à domicile et lui assurent une certaine pérennité pour les années à venir. Le plan Borloo de développement des services à la personne lancé en février 2005, a largement contribué à cet essor, avec la mission de :

  • favoriser l’emploi et le dynamisme économique
  • améliorer les conditions de travail et la qualification des salariés dans ce secteur
  • apporter une réponse à la perte d’autonomie et au handicap.

Un rapport de la Direction de la Recherche, des Etudes et des Statistique – DARES – intitulé « Les métiers en 2022 » et publié en juillet 2014, montre que l’action conjuguée des départs en retraite et la création de nouveaux emplois devrait  aboutir à près 800 000 postes à pourvoir par an en France entre 2012 et 2022, toutes professions confondues. Parmi ces emplois, le rapport souligne la forte dynamique dans le secteur des professions de soins et d’assistance aux personnes fragiles.

Selon le DARES, les professions d’aide à domicile, aides-soignants et infirmiers devraient ainsi assister à une création nette de 350 000 emplois d’ici 2022. Toutes professions confondues, le métier d’aide à domicile devrait être le plus créateur d’emploi en France à l’horizon 2022, avec près de 160 000 emplois créés, ce qui équivaut à un accroissement de 2,6% par an.

Les autres professions d’action sociale, aide aux personnes âgées ou aux personnes handicapées et soutien aux jeunes en difficulté, devraient aussi suivre une tendance à la hausse, néanmoins moins marquée que par le passé.

Ainsi les métiers d’assistance aux personnes fragiles et en particulier, d’aide à domicile devraient continuer leur essor et être les plus pourvoyeurs de création nette d’emploi d’ici 2022.

Le métier d’aide à domicile

Le recours à l’intervention d’un aide à domicile est souvent une nécessité pour des personnes seules ou en difficulté temporaire. Cette assistance permet à ces personnes fragiles de poursuive une existence plus sereine grâce à son assistance pratique dans les tâches quotidiennes, son accompagnement dans la vie sociale et bien souvent, aussi, son soutien moral et psychologique.

De par son aide dans l’accomplissement de tâches utiles du quotidien, l’aide à domicile soulage les personnes dans le besoin du poids de leur dépendance. Nombre de personnes âgées, malades ou handicapées ne sont en effet pas en mesure d’accomplir certaines activités, habituellement banales, qui compliquent leur vie de tous les jours. L’aide à domicile offre ainsi un recourt précieux dans les tâches suivantes :

  • Entretien du domicile de la personne accompagnée : ménage, petits travaux d’entretien ou de réparation nécessaires, lessive, repassage
  • Assurance des besoins alimentaires : courses, cuisine, assistance à la prise des repas
  • Assistance à l’autonomie physique : réveil, coucher, marche et déplacements
  • Accompagnement dans l’hygiène personnelle : toilette, habillage, assistance aux WC
  • Soutien psychologique et intellectuel : écoute, conversation, jeux, lecture
  • Aide aux démarches administratives, prise des rendez-vous, gestion du budget
  • Formation pour l’autonomie sur le plan de l’hygiène
  • Maintien des rapports sociaux en relation avec la famille et avec les autres prestataires

Les qualités requises pour l’aide à domicile

Le métier d’aide à domicile exige avant tout des qualités relationnelles, d’écoute et d’empathie pour accompagner au mieux des personnes en perte d’autonomie et leur permettre d’entretenir des projets de vie et des rapports sociaux. Son utilité sociale est avant tout basée sur une relation harmonieuse aidant-aidé ancrée sur le respect et la confiance.

Etant donné la diversité des activités à accomplir, l’aide à domicile doit aussi faire preuve une grande polyvalence. A l’écoute, bon communiquant et organisé, il doit être autonome et savoir prendre des initiatives. L’aide à domicile doit aussi avoir une bonne condition physique car certaine tâches peuvent requérir un effort important, en particulier dans l’assistance aux personnes à mobilité réduite.

Au contact de personnes en difficulté, l’aide à domicile est fréquemment confronté à une grande souffrance physique et émotionnelle. Il lui est donc aussi impératif d’être moralement solide et d’être capable de soutenir des personnes fragiles qui peuvent être atteint d’épisode passager ou chronique de détresse psychologique, avec un grand sens de la dignité et de l’éthique.

Les aides à domiciles travaillent généralement au sein d’une association ou autre structure. Les capacités de communication, de travail en équipe sont un vrai plus, notamment afin de limiter les conflits entre collègues, savoir faire remonter les informations importantes et faciliter la coordination. Les situations à gérer au domicile auprès de certaines personnes aidées et/ou de leur entourage peuvent être délicates, aussi il est important de ne pas y ajouter des difficultés de communication ou des conflits supplémentaires.

Les différents métiers de l’aide à domicile

Les métiers de l’aide à domicile sont habituellement classés en fonction du niveau de responsabilité, de qualification et d’expérience des professionnels :

  • Agent à domicile: en charge des activités domestiques et administratives simples, l’agent à domicile agit sous la responsabilité d’un supérieur hiérarchique, généralement dans la profession infirmière.
  • Employé à domicile: assistant et soulageant les personnes dépendantes à domicile, l’employé à domicile est en charges des actes domestiques ou administratifs habituels de la vie quotidienne.
  • Auxiliaire de vie sociale: les auxiliaires de vie sociale travaillent en équipe à la place ou en soutien des personnes âgées, handicapées ou familles qui dont dans l’incapacité d’effectuer certaines tâches de manière temporaire ou chronique. Ils peuvent être en charge des activités ordinaires (lever, coucher, alimentation, habillage…), des tâches quotidiennes (linge, nettoyage, repas…) ou activités sociales, relationnelles ou démarches administratives.
  • Technicien de l’intervention sociale et familiale : exerçant un soutien éducatif, technique et psychologique auprès des personnes les plus fragilisées, le technicien de l’intervention sociale et familiale est en charge des activités ménagères ou familiales. Détenteur d’une expérience de terrain importante préalable à l’obtention du titre de technicien de l’intervention sociale et familiale, il contribue à maintenir l’équilibre des familles et les accompagne à travers une action préventive et sociale.

La formation des aides à domicile

Pour exercer en tant qu’aide à domicile auprès de familles, de personnes âgées ou handicapées, une formation (de type initial ou continu) validée par un diplôme professionnel de niveau V est impérative. Le diplôme est un diplôme d’Etat.

Accessible à toute personne détentrice d’un brevet des collèges, les différentes formations proposées, d’un à deux ans, débouchent sur les diplômes plus ou moins spécialisés suivants :

  • CAP Assistant technique en milieux familial et collectif
  • CAP Petite enfance
  • BEP Carrières Sanitaires et Sociales, mention complémentaire Aide à domicile
  • Diplôme d’Etat Auxiliaire de Vie Sociale (qui a remplacé l’ancien Certificat d’Aptitude aux Fonctions d’Aide à Domicile)
  • Mention Complémentaire Aide à Domicile (MCAD) qui se prépare après un CAP ou un BEP.
  • Bac Pro de proximité et vie locale
  • Bac Pro accompagnement, soins et service à la personne

Avec trois ans d’expérience dans le domaine, les professionnels de l’aide à domicile peuvent également être admis aux concours. Ces diplômes sont les seuls qui habilitent les professionnels pour exercer à domicile en indépendant, en tant que membre d’une association ou employé d’une entreprise ou d’une collectivité locale.

La formation continue pour l’aide à domicile

« Il est à prévoir que les besoins d’aide à domicile iront en se diversifiant et nécessiteront de nouvelles formes d’intervention. Il sera donc nécessaire d’associer à la formation de base des formations complémentaires permettant l’approfondissement des connaissances et l’acquisition de nouveaux savoir-faire liés à des situations spécifiques (exemple : accompagnement des personnes présentant une détérioration mentale, y compris la maladie d’Alzheimer, personnes atteintes du sida, personnes lourdement handicapées …). »

Extrait de l’Arrêté du 15 décembre 1993 instituant un certificat d’aptitude aux fonctions d’aide à domicile

Les différents intervenants du secteur de l’aide à domicile présentent de fortes disparités dans leurs niveaux de qualification et d’expérience. Afin d’assurer la qualité des services d’aide à domicile, la formation, et en particulier la formation continue, joue un rôle crucial pour le maintien et le développement des compétences des professionnels de l’aide à domicile.

La plupart du temps, c’est à travers une formation continue que les aides à domicile reprennent les études et/ou valident les acquis et obtiennent les diplômes qui leur permettent d’exercer leur profession aux domiciles des personnes dépendantes. Ces formations certifiantes suivent les directives nationales définies globalement dans les thèmes de la santé, de la prévention et de l’autonomie.

Néanmoins au-delà des diplômes, la formation professionnelle tout au long de la vie permet aux salariés de maintenir leurs acquis, de développer leurs compétences et d’acquérir des savoirs et savoir-faire liés aux situations spécifiques rencontrées dans l’accompagnement de certaines catégories de personnes âgées, handicapées ou malades (maladie d’Alzheimer, tétraplégie, troubles musculo-squelettiques, etc.).

En renfort des connaissances de bases, la formation continue permet de coller à la réalité du terrain et de suivre au plus près les dernières technologies et méthodes pratiques. De nombreuses thématiques, très peu abordées dans les formations initiales s’avèrent essentielle aux intervenant dans leur mission d’accompagnement. On pense par exemple à la bientaitance, la communication en général et avec les personnes âgées atteintes notamment d’Alzheimer, l’accompagnement de fin de vie, la diététique…

Voici quelques exemples de formations professionnelles continues que nous proposons, qui apportent des connaissances et compétences spécifiques aux professionnels de l’aide à domicile :

  • Maladie d’Alzheimer et troubles apparentés : comprendre et accompagner
  • Prise en charge de la personne handicapée à domicile
  • Gérer les conflits à domicile, l’agressivité des soignés et/ou de leur famille
  • Conduites addictives et intervention à domicile
  • Elaborer un repas agréable à domicile
  • Travail en équipe et identité professionnelle pour les intervenants à domicile
  • Manutention et activités de la vie quotidienne à domicile
  • L’intervention à domicile pour les TISF et AVS

D’autre, parce que le métier d’aide à domicile rime souvent avec solitude et nomadisme, ces temps de formation sont l’occasion de temps d’échanges et de rencontres importants. Ils permettent également une remotivation, une prise de recul sur sa pratique professionnelle, des questionnements qui vont vers l’amélioration des pratiques et au final une amélioration de la prise en charge des personnes vulnérables.

En conclusion, l’essor du secteur de l’aide à domicile se traduit par une diversification et professionnalisation des métiers spécifiques, accompagnés par un système de formation souple et évolutif. Ce sont des métiers exigeants, centrés sur la relation à l’autre, dans le plus grand respect et la plus grande bienveillance. Nous espérons que les pouvoirs publics continueront à soutenir cette dynamique.

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