Il est désormais démontré que la présence de nos animaux domestiques a des effets bénéfiques sur le bien-être, la santé physique et psychique, sur les malades atteints de démence sénile (par exemple la maladie d’Alzheimer) et qu’enfin l’animal assure un rôle de catalyseur social.
En 1988, l’institut national de santé publique aux Etats-Unis (NIH) déclare que la
problématique de la présence des animaux de compagnie auprès de l’Homme doit être abordée en termes de santé, de bien-être et de qualité de vie.
La septième conférence internationale sur les relations entre les hommes et les animaux, qui s’est déroulée à Genève en septembre 1995, sous le patronage des ministères de la santé américain et suisse, était soutenue par l’OMS. L’OMS tenait ainsi à : « marquer sa reconnaissance des effets positifs sur la santé que peut apporter l’animal de compagnie, notamment dans les domaines des maladies cardiovasculaires, des soins palliatifs, des maladies mentales et de la gériatrie ».
Des effets positifs sur la santé
Selon Dembicki, il existerait aussi une relation entre la présence d’un animal, la prise de nourriture et le statut nutritionnel.
Dans une étude prospective réalisée sur dix mois auprès de 71 adultes suite à l’acquisition d’un animal familier (chien ou chat), Serpell en 1991 montre que l’incidence des problèmes mineurs de santé a significativement diminué chez les propriétaires d’animaux de compagnie et que cet effet s’est prolongé jusqu’au dixième mois chez les propriétaires de chiens (P < 0.0001 à 1 mois, P < 0.0001 à 6 mois et P = 0.02 à 10 mois). Les propriétaires de chiens ont ressenti une amélioration de leur bien-être psychologique et une amélioration de la perception d’eux-mêmes.
Les maisons de retraite et autres établissements pour personnes âgées qui accueillent les animaux des résidents rapporteraient moins d’infections et d’hospitalisation. Le taux de morbidité serait aussi plus faible et le renouvellement de personnel serait 30 % moins important que dans les autres établissements n’accueillant pas les animaux de compagnie.
Certains travaux soulignent les effets anxiolytiques de la présence du chien.
De plus, l’anxiété et l’isolement social constituent aussi des facteurs de risque de maladies cardiovasculaires. L’isolement social a d’ailleurs été reconnu comme étant à risque en Australie par the National Heart Foundation of Australia.
Des chercheurs ont trouvé qu’une visite de 12 minutes avec un chien avait un effet sur les fonctions cardiaques et pulmonaires par baisse de pression sanguine (pression atriale gauche, pression systolique de l’artère pulmonaire), par réduction des concentrations d’hormones déchargées lors de stress et en baissant l’anxiété parmi les patients ayant souffert d’un infarctus du myocarde.La thérapie assistée par l’animal réduirait la pression sanguine parmi les personnes en bonne santé et les individus souffrant d’hypertension. Les concentrations sanguines d’adrénaline et de noradrénaline ont été mesurées. Les concentrations d’adrénaline s’effondrent de 17 % pour les participants qui ont reçu la visite d’un chien.
Friedmann et coll. ont montré que 58 % des patients ayant survécu un an après un infarctus du myocarde ou une angine de poitrine avaient un ou plusieurs animaux. Parmi les patients qui n’étaient pas propriétaires d’animaux de compagnie, 23 % sont décédés. Parmi les propriétaires, 6 % sont décédés.
Pour tenter d’expliquer les effets sur la santé des patients atteints de maladie cardiovasculaire ou de la population dans son ensemble, trois mécanismes ont été envisagés, ce sont :
• la diminution du sentiment de solitude et de dépression,
• la diminution de l’anxiété,
• l’incitation à l’exercice physique.
Chez les patients atteints d’hypertension artérielle le chien a un rôle de stimulus qui favorise la relaxation (état de détente qu’elle soit psychique, physique ou musculaire, aptitude à réduire ou à éliminer ces tensions).
Un catalyseur social
Le chien apporte un support social, une compagnie, un bien-être et une estime de soi, de même qu’une intégration dans la société.
Une étude a évalué l’effet de la thérapie assistée par l’animal sur la solitude. Une session de 30 minutes par semaine de thérapie assistée par l’animal, pendant 6 semaines, réduit significativement le sentiment de solitude.
Le rôle de catalyseur social du chien a été très largement étudié. L’effet d’un programme de chiens visiteurs a été évalué auprès de personnes âgées dépressives. Ces visites répétées avec le même animal permettaient l’instauration d’une relation affective, et les patients appréciaient de pouvoir nourrir, promener et s’occuper du chien. Le terme de lubrifiant social est aussi employé pour parler du chien. Ryder a rapporté le cas d’une patiente, n’ayant plus parlé depuis trois mois, qui s’était remis à parler lorsque des animaux avaient été admis dans sa maison de retraite.
La présence de chiens favorise l’interaction et la conversation avec des personnes inconnues.
En effet, le chien sert de sujet de conversation. Certains parlent même de chiens comme un antidote pour rompre l’anonymat de nos sociétés contemporaines.
Pour les personnes âgées dont les interactions sociales sont limitées, des animaux de compagnie peuvent être source de relation ainsi que de contacts tactiles. Dans une étude avec un chien visiteur, l’observation de résidents en maisons de retraite montrait que 85 à 93 % de ces personnes touchaient ou caressaient le chien avec une moyenne de quinze à vingt fois par individu.
Bénéfices spécifiques pour les malades atteints de la maladie d’Alzheimer
La maladie d’Alzheimer se caractérise par « une démence de type dégénérative créant à la fois un ralentissement des capacités intellectuelles, une perte des habiletés à exécuter les activités de la vie courante et une désorganisation de la personnalité ». Une détérioration progressive de l’état général est observée. Quand la maladie évolue, elle fait place à différents troubles : des problèmes de mémoire, de communication, de perception, d’orientation, de jugement, d’agitation et d’agressivité.
La présence d’un chien dans un établissement, serait à l’origine d’une augmentation de comportements sociaux appropriés, tels que des sourires et des rires, chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Chez ces personnes, les bénéfices suivants sont rapportés : bien-être physique et psychologique, augmentation de l’estime de soi, création d’un effet calmant et stimulant les réminiscences d’expériences passées auprès des animaux, réduction de l’irritabilité, diminution de la fréquence cardiaque et baisse de l’émission de sons inappropriés.
La réminiscence d’expériences passées avec l’animal par les personnes souffrant de démence s’explique par le fait que l’animal est ancré dans la mémoire émotionnelle des personnes âgées et cette mémoire émotionnelle est plus longuement préservée chez les patients atteints de DTA. Les médecins évoquent le « plongeon rétrograde » qui permet d’accéder aux souvenirs anciens et donc de se remémorer des expériences. Cette remémoration permet à ces patients d’améliorer le sentiment d’identité qui est très fréquemment déficitaire chez eux. Lorsqu’une personne agitée évoque verbalement des souvenirs, cela constitue un moyen de communiquer de façon significative entre celle-ci et un intervenant. L’animal est alors un élément de diversion. Cette méthode porte le nom de « stratégie de diversion par réminiscence autobiographique lors de réactions catastrophiques ». De plus, les comportements perturbateurs sont fréquemment observés en fin de journée ou lors de périodes de soins.
Aussi, le chien pourrait servir d’élément de diversion lors de ces moments particulièrement difficiles, les problèmes comportementaux ayant tendance à diminuer en sa présence.
De plus, quand la maladie progresse, la communication non verbale remplace la communication verbale. Les personnes atteintes de DTA utilisent donc le langage corporel pour exprimer leurs émotions. Les intervenants doivent alors favoriser les regards, l’utilisation du toucher, l’observation des émotions et des mouvements. Un chien permettrait alors de favoriser cette communication non verbale.
McCabe et coll. ont étudié l’existence d’un rapport entre la présence d’un animal résidant dans une unité de soins pour personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et la prise de médicaments. L’échantillon était composé de 22 résidents atteints par la maladie d’Alzheimer et qui vivaient dans une unité de soins spécialement dédiée à cette maladie. Les médicaments prescrits à ces patients étaient pour 22.7 % d’entre eux des antidépresseurs, pour 50 % des antipsychotiques, pour 9.1 % des benzodiazépines et pour 18.2 % des anxiolytiques. Un chien était présent toute la journée pendant quatre semaines. Les résultats de cette étude ont montré qu’une baisse des comportements perturbateurs avait lieu pendant la journée en présence du chien (l’agressivité passant d’une moyenne de 13.95 avant l’intervention du chien à 7.95 après ; les comportements irrationnels de 11.86 à 8.23 ; le fait de dormir de 4.41 à 2.73 ; l’ennui de 3.41 à 1.36)
Des bénéfice pour les patients, les familles et les soignants
Les activités associant l’animal à visée thérapeutique représentent des bénéfices non seulement pour les patients, mais aussi pour les familles et les membres de l’équipe soignante.
Lorsque les familles viennent rendre visite à leurs proches, elles ne voient souvent pas d’amélioration, mais, au mieux, une stabilisation des symptômes et parfois une progression de la maladie. Il faut donc aussi prendre en compte la souffrance des familles qui font parfois face à un sentiment de culpabilité d’avoir placé leurs parents en institution et de ne pas s’en occuper eux-mêmes. Aussi, le moindre signe de rattachement à la réalité, ne serait-ce que par une marque d’attention qui n’avait plus lieu jusque là, un sourire, des paroles, voire même une conversation sensée dont le chien serait le sujet de base, apporteraient un soulagement aux familles.
Si la présence d’un chien permet d’améliorer l’humanité de ces lieux où nos proches terminent leur vie, il faut amplifier cette procédure.
L’objectif est aussi de stimuler une forme de vie dans l’établissement, et, par là-même, de rapprocher les familles qui parfois espacent leurs visites de leurs proches.
La visite du chien en établissement produirait une atmosphère familiale symbolisant et recréant la maison. Les animaux peuvent servir de substitut pour les enfants qui ne rendent pas visite aux résidents, non pas en remplaçant les enfants, mais en apportant du réconfort aux résidents. La présence d’animaux peut également encourager les enfants à rendre visite à leurs proches.
Enfin, l’introduction d’animaux modifierait aussi le comportement de l’équipe soignante dans les institutions pour personnes âgées, les rendant plus optimistes et traitant les patients et l’animal avec plus de sensibilité.
Les références pré-citées sont issues de travaux de recherches et proviennent de la thèse d’exercice de docteur vétérinaire de Eve FRADIN.
Article écrit par Jean Marie SILOU, de psychologue/neuropsychologue du vieillissement
Ces références nourrissent son projet de psychothérapie assistée par l’animal auprès d’une population concernée par le vieillissement normal et pathologique et qui consiste à mettre en place de la thérapie cognitivo-comportementale sur syndrome post-chute, traitement de la dépression, renforcement de l’estime de soi, traitement de l’apathie, prise en charge des troubles psycho-comportementaux dans les démences,…, travaux de recherche.